TAULIS ET L’HISTOIRE

Située aux confins des aspres et du Vallespir, sur le piémont du Canigou, la commune de Taulis a une superficie de 6.19 km² que se partagent 56 habitants.


Entre Montbolo et Saint Marsal, entre 340 et 1360 mètres d’altitude, Taulis se blottie dans la verdure et le schiste, dominant les forêts de hêtres, de châtaigniers et de chênes-verts du Bas Vallespir.

 

 


 

 

L’histoire du site née à l’âge de bronze où des preuves d’activités post-néolithiques ont été retrouvés dans la grotte dite de « La Balme » entre la commune de Taulis et de Montbolo.
Nous retrouvons sur la commune plusieurs dolmens dont seul le dolmen de Ribes Rojas situé à 840 mètres d’altitude est encore présent malgré l’absence de la dalle de couverture.

La trace de Taulis se perd jusqu’à sa réapparition dans un écrit de 853 lorsque Charles le Chauve concède à son fils Telmund sept mas en Roussillon dont Taulis par cette phrase in fine « in loco qui dicitur Teulicius ». Toutefois, la présence de mines de fer sur la commune laisse supposer une occupation du territoire puisque l’exploitation des mines de fer sur la région de Taulis et plus généralement du Canigou commence à partir de -100 avant J-C avec l’empire romain. C’est avec l’apparition du hameau de Croanques qu’on s’aperçoit de l’existence d’un village à Taulis.

En 956, on voit apparaitre les premières constructions à Croanques, constituées d’une tour et d’une chapelle préromane, lieu appelé alors « Saint Agnès de Croanques ». Le village de Taulis est donc déjà installé au Xème siècle, sûrement en raison de la population de la plaine et du littoral qui se réfugie dans le Haut Vallespir suite aux différentes invasions (invasion Sarrasine au VIII ème siècle et normandes au IXème siècle) et de l’activité minière.

Taulis en 994 fait partie du Vicomté de Castelnou sous la suzeraineté des comtes de Besalú.

 

Au XIème siècle, l’église Saint Jean sort de terre. Erigée dans le style roman catalan elle possède un clocher dit clocher-peigne. Désormais, à cette période du moyen-âge, le clocher de l’église vient rythmer la vie des habitants en les invitant aux rites liturgiques, en signalant la fin de journée de labeur, en annonçant les décès (le glas) mais aussi les dangers (le tocsin).

Aux alentours de la moitié du XVème siècle, Jaume Joan, riche bourgeois de Perpignan, achète Taulis et Croanques pour les transmettre à son fils Guillem, anobli par Ferran II le Catholique en 1493 (Roi d’Aragon et de Castille). Par la suite, la seigneurie passe aux mains des Delpas de Saint Marsal et à leurs descendants jusqu’à la Révolution Française où Maria Angela de Blanes (née Delpas de Saint-Marsal), marquise de Millas, Baronne de Taulis et de Croanques et d’autres lieux quitte la France en 1793 pour l’Espagne.
Le village va suivre les évolutions politiques de la région. Faire partie du royaume des rois de Majorque puis du royaume d’Aragon et ensuite du royaume d’Espagne. Il faut attendre le traité des Pyrénées (dont les pourparlers ont eu lieu dans le Vallespir, à Céret au couvent des capucins), le 07 novembre 1659 qui suit le mariage de Louis XIV et de l’infante Marie-Thérèse, fille ainée du roi Philippe IV d’Espagne, pour que Taulis devienne un village français et que la Catalogne soit divisée en deux morceaux.

Fin du XIXème siècle, les conditions changent dans le village rural de Taulis. L’activité des mines s’affaiblie car les mines de Lorraine plus proches des lieux de construction de l’armement sont privilégiées.

Un point important qui change la façon de vivre et l’organisation des familles rurales est la mise en place de l’école obligatoire pour tous par la loi du 28 mars 1882 dite loi Jules Ferry. La commune était déjà dotée d’une école mais qui accueillait uniquement les garçons. Désormais, garçons et filles doivent se rendre à l’école de la République et ils ne passent plus leur journée à aider leurs parents dans les activités d’agriculture notamment. Actuellement, le bâtiment qui accueillait l’école du village est toujours présent et accueille les bureaux de la mairie.

En ce temps-là, la vie était dure et nous voyons à la lecture des différents documents que le village n’était pas riche et que l’argent manquait, il devenait difficile pour le denier public de payer au curé le nécessaire pour effectuer une messe tous les 15 jours (pour rappel : la séparation de l’Église et de l’Etat date de la loi du 09 décembre 1905), de finaliser les travaux essentiels comme la mise en place du lavoir en 1873 qui servait aussi de fontaine d’eau potable. Le pont qui permet de relier les deux parties du village est à peu près de la même époque.

Au XXème siècle la population du village va décroître au fil des années. Le village va subir les pertes de ses hommes lors de la première guerre mondiale et voir passer l’armée allemande lors notamment des arrestations.